Ec(h)ovid
Sidérée par l’annonce du confinement le 17 mars 2020, j’ai commencé à suivre du regard les passants depuis chez moi.
Et là, un véritable ballet urbain quotidien, ganté et masqué, chorégraphié par une frénésie d’achats, s’offrait à ma vue ! J’étais happée, rattachée à la vie.
Fascinée par l’évolution de leur physionomie face aux craintes du virus, je me suis mise à les accompagner au téléobjectif à travers une percée qui me laissait entrevoir la rue. Résidant à côté du centre commercial à Montreuil, je les voyais revenir chargés, métamorphosés.
Tout le monde était là à ce rendez-vous, avec moi, chaque jour : tête baissée ou masque au vent, les jeunes, les femmes, les hommes, et même les personnes âgées. J’étais amusée de remarquer le grand retour du caddie sous toutes ses formes !
J’avais retrouvé ma respiration, un lien physique avec les gens, avec l’humain. J’avais besoin de les capturer, et en les regardant de près, je les ai découverts, reconnus pour certains. Ils ne me voyaient pas, ils ne savaient pas que je les avais adoptés !
A quoi pouvaient-ils bien rêver alors que le confinement leur interdisait toute possibilité de projet, de rencontre ?… A quoi s’accrochaient-ils pour garder confiance en l’avenir ? Comment échapper à ce stress, se sortir de cette impasse, de cet inconnu, de ces angoisses ?
J’ai tenté de répondre à toutes ces interrogations avec des images «d’avant » piochées avec minutie dans mes disques durs et mises en résonance avec ces passants : un champ des possibles comme une passerelle entre la réalité et l’imaginaire dont je me faisais l’Echo.